Reprendre une entreprise à la barre
Voici 4 erreurs ou pièges à éviter si vous souhaitez vivement reprendre une entreprise à la barre du Tribunal de Commerce, et ce quelque soit le type de reprise, à savoir une offre de reprise dans le cadre d'un plan de cession ou un rachat des titres suivi d'un plan de continuation :
1) Croire au mythe de la reprise à la barre pour l'euro symbolique
Certes, les clés du succès d'une reprise d'entreprise en difficulté seront votre expérience, votre travail, votre créativité, votre talent à remobiliser les salariés, votre capacité à convaincre les partenaires, etc... Certes, l'argent ne fait pas tout, mais le niveau de votre offre d'une part, et surtout votre capacité à soutenir l'activité reprise en cas de coup dur et de difficultés d'autre part, seront quand même pris en compte très sérieusement par le tribunal lors du choix du projet de reprise. Dès lors que l'avenir de tout ou partie des salariés est confié à un tiers, la solidité financière est l'un des paramètres qui va permettre au tribunal de juger de la crédibilité de l'offre. Pour en savoir plus sur ce point, lisez ceci.
2) Négliger sa due diligence
Lorsque vous contactez un administrateur judiciaire pour obtenir les détails du dossier dont le plan de cession a été annoncé, même si vous "montrez patte blanche", ne vous attendez pas à un dossier construit où tout vous sera expliqué dans les moindres détails. Si les raisons de la chute de l'entreprise jusqu'à sa cessation de paiement étaient évidentes, des solutions auraient peut-être été trouvées par le dirigeant lui-même. Dans les faits et dans la plupart des cas, vous n'aurez à votre disposition pour le bien de votre étude de la cible que des informations parcellaires, approximatives et incomplètes.
Malgré le peu d'informations auxquels vous aurez accès :
- Assurez-vous de comprendre les raisons de sa situation financière difficile, en distinguant les causes internes et les causes externes.
- N'oubliez pas d'évaluez le marché sur lequel évolue la société en difficulté, il est parfois trop tard de redresser l'entreprise pour des raisons exogènes à l'entreprise elle-même.
- Examinez attentivement les comptes de l'entreprise en difficulté pour tenter d'en comprendre la valeur des actifs, le BFR nécessaire à la relance, les coupes budgétaires qui peuvent être faites, les dettes réelles et celles qui méritent en priorité d'être renégociées.
- N'oubliez pas d'étudier la réputation de l'entreprise, il est aussi parfois trop tard ou trop cher pour redresser un déficit de réputation.
- Une fois votre première phase de due diligence effectuée, si vous restez intéressé ou que vous confirmez un début d'intérêt pour la cible, tentez à tout prix de rencontrer le cédant et l'administrateur judiciaire pour obtenir des informations sur la situation réelle de l'entreprise.
- Investissez enfin dans la consultation d'un expert financier ou d'une avocat spécialisé afin d'approcher une valeur d'achat appropriée.
3) Ne pas engager d'avocat spécialisé en droit des procédures collectives
Les procédures collectives en France sont soumises à des lois et réglementations spécifiques, il est donc essentiel de travailler en étroite collaboration avec des professionnels juridiques aguerris aux procédures collectives. Un avocat spécialisé vous aidera à naviguer dans le processus légal, un tel accompagnement est une condition sine qua non pour réussir dans le projet d'une reprise à la barre.
4) Ne pas reprendre ou associer un ou plusieurs salariés clés à votre projet de reprise
Ce pourrait être votre joker pour remporter l'affaire : associer à votre projet de reprise des salariés déjà présents dans l'entreprise cible. C'est un challenge extrêmement difficile que d'approcher des salariés clés d'une entreprise en difficulté pour leur faire part de votre projet de vous porter candidat à la reprise. Mais si vous apportez un savoir-faire ou une compétence clé qui manquait à la cible, il n'est pas exclu que vous provoquiez alors l'adhésion à votre projet. Or, cet adhésion peut s'avérer un argument de poids dans la décision finale du Tribunal de Commerce quant à la désignation du repreneur.